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20 février, 2020

Green Girls : la bataille pour faire tomber les barrières de genre et contribuer à une Afrique plus durable.

De nombreux observateur·rice·s constatent que parmi les nombreux défis auxquels l’Afrique moderne est confrontée, deux se distinguent particulièrement. Le premier concerne les énormes ressources énergétiques renouvelables du continent, qui sont encore inexploitées. La Banque africaine de développement estime qu’il existe un potentiel annuel de 350 GW en énergie hydroélectrique, 110 GW en énergie éolienne, 15 GW en énergie géothermique et un énorme 1000 GW en énergie solaire. En outre, l’Agence internationale pour les énergies renouvelables estime que le surplus de bois des forêts pourrait fournir 520 GW/an en bioénergie.

Le deuxième défi, et peut-être le plus redoutable, consiste à faire tomber les barrières de disparité entre les sexes qui sont enracinées depuis l’époque coloniale. Selon l’indice mondial des disparités entre les sexes établi par le Forum économique mondial en 2018, il faudrait 135 ans (au rythme actuel des progrès) pour que l’écart se comble enfin en Afrique subsaharienne, l’Afrique du Nord mettant encore plus de temps à le faire, soit 153 ans.

Tout ce qui tente de relever ces défis doit être applaudi et promu, et lorsqu’une personne ou un projet tente de s’attaquer aux deux en même temps, il devrait y avoir des niveaux de reconnaissance et d’encouragement encore plus élevés.

Monique Ntumngia est déterminée à donner quelque chose à ceux qui n’ont pas eu d’opportunités

Entrez dans la peau de Monique Ntumngia, fondatrice des « Green Girls » du Cameroun et entrepreneuse dans le domaine des énergies renouvelables. Cette Camerounaise de 29 ans a eu une enfance difficile en tant qu’orpheline. Et lorsqu’elle est entrée dans l’âge adulte, elle était déterminée à donner quelque chose à ceux qui manquaient d’opportunités.

L’idée de Green Girls est née en septembre 2014, alors que Ntumngia travaillait au Nigeria pour l’ONG « Human Rights and Education« . Tout en participant à la traditionnelle distribution de fournitures scolaires au début de l’année scolaire, les enfants ne cessaient de lui demander : « Madame, comment allons-nous utiliser ces cahiers et ces livres sans lumière ? »

C’est à ce moment que Ntumngia a décidé que sa voie à suivre consistait à marier le développement durable à la promotion et à la diffusion des énergies renouvelables. Elle a commencé à organiser des collectes de fonds et à contacter des organisations telles que l’UNICEF et l’UE. Après avoir récolté 10 000 dollars en deux mois seulement, elle a acheté 2 500 lampes solaires à la Norvège, qu’elle a distribuées dans tout le Nigeria.

Seuls 10 % de la population ont un accès régulier à l’électricité.

Après le Nigeria, elle a voulu faire de même au Cameroun. Son pays d’origine – et l’Afrique dans son ensemble – souffre d’un réel problème en ce qui concerne la production et la distribution d’électricité. La plupart des zones rurales ne sont pas toutes approvisionnées. Sur l’ensemble du continent africain, seuls 10 % de la population ont un accès régulier à l’électricité.

Mais ce jeune entrepreneur social a rapidement compris que les lampes solaires n’étaient pas une réponse à long terme. Elle a mené une enquête approfondie sur la durabilité des économies locales au Cameroun. Elle s’est également rendu compte que beaucoup de ces communautés locales avaient un problème aigu de gestion des déchets. Le biogaz semblait être une réponse évidente pour travailler aux côtés de l’énergie solaire. Le biogaz est une source d’énergie renouvelable issue de la fermentation anaérobie des déchets organiques. Elle a créé une société – Monafrik Energy – pour développer des solutions solaires et de biogaz, pour fournir une énergie abordable et pour aider à soutenir les communautés durables. Depuis décembre 2015, la société a construit huit installations solaires et vingt biodigesteurs pour la production de biogaz.

Mais la vision de Monique va bien au-delà de la simple fourniture d’électricité. Elle voulait s’attaquer à la disparité entre les sexes et à la pauvreté qui en est à la fois la cause et l’accompagnement. En août 2016, elle a fondé l’association caritative Green Girls. Sa mission ? Promouvoir le développement durable dans chaque communauté rurale africaine par l’infiltration des énergies renouvelables ; et amener les gouvernements africains à développer des politiques de genre qui donnent accès au financement afin que ces femmes puissent diriger des entreprises d’énergie propre.

Planter des arbres pour remplacer les forêts utilisées comme sources de bois de chauffage

L’organisation caritative plante également des arbres pour remplacer les forêts utilisées comme sources de bois de chauffage avant que les communautés ne fassent construire des bio-digesteurs. Quelques mois seulement après le lancement de l’association, 623 filles âgées de 14 à 18 ans avaient reçu une formation dans trois régions du Cameroun.

L’association mène aujourd’hui des programmes à plusieurs niveaux. Elle forme les filles à la construction et à l’entretien de panneaux solaires et de matériel de biodigesteur. Elles leur apprennent également à connaître les Objectifs de Développement Durable pertinents afin qu’elles comprennent mieux les modèles de communautés durables. Afin d’encourager l’indépendance financière, elles forment les femmes à la création de PME, avec des activités visant à l’emballage et à la vente d’engrais organiques, à la culture biologique et à la fabrication de lanternes solaires.

Afin de développer les idées et la formation, un des aspects des programmes Green Girl consiste à identifier les futurs dirigeant·e·s et à les former en tant que formateur·rice·s. Cela offre la possibilité de multiplier rapidement le nombre de femmes et de filles participant aux différents programmes ainsi que d’élargir les idées et les solutions pratiques.

Pour étendre les opérations « Green Girls » à toute l’Afrique

Son travail acharné et ses idées novatrices lui ont valu une reconnaissance mondiale. À ce jour, elle a reçu les prix suivants Prix du WWF pour la jeunesse africaine (deux fois), prix Visa Everywhere Initiative 2019 d’une valeur de 100 000 dollars US, prix Africa Youth Connekt pour le meilleur projet et le meilleur emplacement, et prix spécial du tourisme au Cameroun pour la promotion du développement durable

La vision de Ntumngia est d’étendre les opérations de Green Girls à toute l’Afrique, mais elle sait qu’il y a de nombreux obstacles à franchir et que les gouvernements et la société africaine doivent participer à la bataille pour faire tomber les barrières entre les sexes et œuvrer pour une Afrique plus durable.

 

GREEN GIRLS

SOURCE: Africa-ME

 

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