19 janvier, 2021
Agriculture numérique: un outil essentiel pour aider les petits producteurs à surmonter la crise de la COVID-19

Photo: © IFAD/Edward Echwalu
En ce début d’année 2021 et à l’approche du premier anniversaire du début de la pandémie mondiale de COVID-19, c’est un moment important pour faire le point sur l’impact de la pandémie, et pour réfléchir à ce que nous avons appris et à ce que nous pouvons mieux faire à l’avenir. La Banque mondiale a estimé que pas moins de 124 millions de personnes dans le monde ont été poussées dans l’extrême pauvreté en 2020, dont 60 % vivent en Asie du Sud. Pour la première fois en 20 ans, la pauvreté a augmenté de manière significative, et une grande partie de cette augmentation se situe dans les zones rurales. Les petits agriculteurs et producteurs continuent de faire face à des défis sans précédent.
Mais l’année 2020 présente des aspects inspirants, des histoires de communautés rurales qui s’adaptent et font face, même dans les circonstances les plus difficiles. L’une des étoiles montantes est la révolution de l’agriculture numérique en faveur des pauvres, et la façon dont des outils numériques simples ont été mis à la disposition des agriculteurs pauvres pour qu’ils puissent accéder aux informations essentielles pour assurer leurs moyens de subsistance. De nombreux agriculteurs, même dans les régions les plus reculées, utilisent désormais des téléphones portables pour accéder en temps réel à des informations agricoles personnalisées, capables de prendre des décisions éclairées sur ce qu’ils doivent produire et quand et où vendre leur production. Le défi consiste maintenant à tirer parti de ces succès et à faire en sorte que les technologies se développent rapidement et que les plus pauvres dans les zones rurales ne soient pas laissés pour compte.
Pour soutenir ce processus de mise à l’échelle, le FIDA a conclu en août 2020 un partenariat avec Precision Agriculture for Development (PAD), une organisation mondiale à but non lucratif cofondée par l’économiste Michael Kremer, lauréat du prix Nobel. Ce partenariat vise à fournir à 1,7 million de petits exploitants agricoles au Kenya, au Nigeria et au Pakistan des conseils agricoles personnalisés par le biais de leur téléphone portable, afin de les aider à améliorer leurs revenus, leur sécurité alimentaire et leur résistance. À une époque où les services traditionnels de vulgarisation en personne sont très limités, ce type de conseils par téléphone est une proposition très attrayante et rentable.
En ce qui concerne la technologie elle-même, une caractéristique particulièrement innovante, dont PAD a été le pionnier, est l’utilisation de la théorie de l’apprentissage social pour identifier le type d’information et les mécanismes de diffusion qui fonctionnent le mieux pour les agriculteurs. Cela permet de fournir des informations adaptées à la géographie locale, au marché et aux caractéristiques des agriculteurs.
L’impact de l’approche de vulgarisation de PAD est impressionnant. Il est prouvé que les agriculteurs qui disposent d’informations numériques de haute qualité peuvent augmenter leurs rendements, leurs revenus et leur résistance. Un article publié dans la revue Science suggère que les agriculteurs qui bénéficient de telles informations ont 22 % de chances supplémentaires d’adopter les pratiques agricoles recommandées.
Depuis le début du partenariat en août, les progrès ont été rapides. Le PAD a mis en place des opérations au Nigeria et a commencé à déployer un contenu téléphonique au Kenya et au Pakistan. Il a également pris contact avec des projets financés par le FIDA dans les trois pays afin d’explorer les possibilités d’élargir son champ d’action. À ce jour, le PAD a réussi à toucher environ 1,4 million de petits agriculteurs.
- Au Kenya, l’équipe pays du FIDA a jeté des ponts entre le PAD et le projet de gestion des ressources naturelles du bassin versant du Haut Tana (UTaNRMP), et s’engagera bientôt dans le programme de valorisation des céréales du Kenya (Kenya Cereal Enhancement Programme Climate Resilient Agricultural Livelihoods Window – KCEP-CRAL). L’équipe nationale du FIDA a également porté l’initiative à l’attention des secrétaires de cabinet des ministères du Trésor national, de l’Agriculture et de l’Eau et de l’Assainissement afin de tirer parti des services de conseil agricole numériques sur mesure du PAD et de les ancrer dans la plateforme du MoA-INFO (basée sur les SMS).
- Au Nigeria, le PAD a développé une relation de travail solide avec le Programme d’adaptation au changement climatique et de soutien à l’agrobusiness dans l’unité de gestion de la ceinture de savane (CASP), et atteindra les bénéficiaires de ce projet en tant que premiers utilisateurs des services du PAD au Nigeria.
- Au Pakistan, PAD est sur le point de signer un protocole d’accord avec l’équipe du FIDA au Pakistan pour collaborer dans le cadre du projet de réduction de la pauvreté dans le sud du Pendjab (SPPAP), financé par le FIDA. Un domaine d’intérêt particulier est l’autonomisation des femmes et l’extension de la couverture des services de PAD aux agricultrices pakistanaises.
Avec l’arrivée des vaccins COVID-19, l’espoir renaît que la fin de la pandémie est désormais en vue. Toutefois, l’heure n’est pas à la complaisance et il est clair que COVID-19 continuera à perturber les moyens de subsistance des petits exploitants agricoles pendant une grande partie de l’année 2021. Ce qui est important, c’est que les gouvernements et les agences de développement continuent à travailler ensemble pour aider les petits agriculteurs à surmonter les contraintes et les défis permanents d’une pandémie mondiale. Cela devrait inclure l’augmentation des investissements et des innovations dans l’agriculture numérique, comme celles qui sont mises en place par PAD, qui resteront des outils pertinents et puissants pour les agriculteurs longtemps après la fin de la pandémie. Pour l’avenir, l’ambition du FIDA est de continuer à travailler avec PAD et d’autres partenaires, afin de développer les solutions numériques de vulgarisation, y compris les services de conseil liés à la chaîne de valeur et à la météorologie. Les résultats préliminaires de ce partenariat passionnant plaident fortement en faveur d’un investissement à long terme dans la vulgarisation agricole numérique.
SOURCE: FIDA